Tchavolo fait parti de ces oiseaux rares qu’il est difficile de mettre en cage. C’est le plus souvent sur scène, en comité restreint - quand il est là et qu’il a envie de jouer - que tout peut devenir magique. Et c’est justement le cas sur ce CD du concert du 20 septembre à l’Alhambra (proposé également en DVD avec 3 titres supplémentaires). Entouré de Claudius Dupont à la contrebasse, l’incontournable Samy Daussat à la rythmique et de Costel Nitescu au violon, Tchavolo est ici à son aise. En famille. Sa musique est généreuse et chose particulière avec lui, c’est dans ce cas très communicatif. On se sent proche de lui. Une incontrôlable envie de bouger se fait très vite ressentir. Il faut noter que Tchavolo joue avec un Micro magnétique Stimer mélangé au son naturel de la guitare. Ce qui lui donne un coté saturé à l’ancienne du plus bel effet. Toute la panoplie des roulements, doubles cordes, chromatisme, contre temps, contre chant, jeux en accords sont au menu. Car le jeu de Tchavolo est reconnaissable entre tous. Il est le seul à jouer comme ça. Une attaque main droite à faire pâlir n’importe quelle corde Argentine. Comme une signature. Et ce depuis le début.
Au programme, comme à son habitude, peu de reprise de Django. Seul "Daphné" est à l’honneur. On retrouve des grands classiques du style : I had to be you, Them there eyes, The sheik of Araby, Sweet Georgia Brown, Les yeux noirs. A noter la « Valse à Dora » seule composition de Tchavolo magnifiquement interprété avec Costel en contrechant. Ne pas rater « Coucou » au thème très efficace. Comme à son habitude Tchavolo s’éclipse au milieu du concert. Le trio va pendant ce temps interpréter « Les valseuses » de Stéphane Grappelli. Une petite perle que Costel reprend souvent. Au retour du maitre, ils interprètent une belle version de « Jardin d’hiver ». Petite surprise sur « Sweet Georgia Brown » c’est Dorado Schmitt qui va prendre le violon pour une interprétation remarquable.
Avec l’affluence des CD, concerts et manifestations liés à l’anniversaire des 100 ans de Django, on pourrait penser à un CD de plus dans le style. Mais Tchavolo ce n’est pas du jazz manouche mais un manouche qui joue du jazz. C’est du Tchavolo un point c’est tout. Lui même se refuse à lier sa musique à celle de Django qu’il vénère trop pour cela. Alors n’hésitez pas à vous procurer ce CD, voir mieux le DVD, car il n’y a que Tchavolo qui swing comme ça ! C’est du bonheur !

J’l’aime bien, moi, M’sieur Tchavolo !