Rodolphe Raffalli a plus d’une corde à sa guitare ; on savait que le guitariste aimait le jazz, le classique, la musique sud-américaine, Brassens et Django entre autres, et qu’il était chez lui dans toutes ces musiques. Avec ce 5ème CD pour le label Frémeaux, le Buster Keaton de la guitare célèbre ses racines. Si Rodolphe est né en Seine et Marne, son père est Corse et sa mère italienne ; c’est dire si les traditions musicales méditerranéennes, en particulier celles de la Corse où guitares et mandolines sont les instruments rois, ont bercé sa jeunesse et forgé ses racines. Grand sentimental avec une sensibilité à la Crolla, Rodolphe fait merveille sur les sérénades (cf la superbe Sirinate Ajacciu d’Antoine Bonelli), les ballades ou les valses (la Valse ajaccienne, LE tube d’Antoine Bonelli), un répertoire méconnu sur le continent. Remarquablement soutenu par Dominique Lemerle, contrebasse, et Stan Lafferrière, batterie, Rodolphe assure toutes les parties de guitares (accompagnement et solo), son phrasé conjuguant rigueur du classique et sens aigu du swing et de l’improvisation, avec un coup de médiator style mandoline, faisant rouler les cordes. Il signe 3 compos convaincantes : Corsaswing, Pietralba et Un pied sur l’île, très jolie mélodie introduite par un bel exposé à la guitare ; pour le reste des compos de guitaristes corses ou des morceaux ayant la Corse pour thème comme Solenzara, Corsica bella, Ma Corse, La complainte corse, Méditerranée, qui n’est pas de Tino comme indiqué mais de Francis Lopez...Rodolphe aime les belles mélodies et celles ci en particulier. Pour 4 morceaux, il propose deux versions, version valse bop et version swing pour la vieille guitare, version swing musette et version bop pour la Valse ajaccienne, version samba (on verrait bien Hamilton de Holanda ou Stochelo lui donner la réplique) et version swing pour Utra gulinu, version latine (et non pas grecque !) et version swing pour Chifa. Ce styliste raffiné et élégant s’empare de ces ritournelles légères, entrainantes et souvent nostalgiques (cf U miu mulinu, jolie ballade de D.Marfisi) et les magnifie par des chorus jazzy limpides et inspirés.
Même si certains musiciens corses ne se retrouvent pas dans son interprétation, il me semble que Rodolphe joue remarquablement bien ce répertoire auquel il insuffle poésie et sentiment.(cf Le prisonnier façon boléro ou Ma Corse, précédé d’un exposé du thème façon guitare classique). Laissons la conclusion à JP Sermonte qui écrit dans le texte de pochette : »laissons nous guider par cette guitare qui est un prolongement de son cœur vers cette ile à nulle autre pareille et dont il pare la musique d’une aura supplémentaire ». De la belle guitare, comme on l’aime. Rodolphe Raffalli est grand, mais ça on le savait depuis longtemps !
1. Corsaswing (R. Raffalli) 3’48
2. Méditerranée (F. Lopez) 3’50
3. Les pêcheurs de perles (M. Carré/Cormon-G. Bizet) 3’23
4. Un pied sur l’île (R. Raffalli) 3’58
5. U tragulinu (version samba) (F. Vincenti) 2’53
6. Sirinate ajaccienne (A. Bonelli/B. Baccara) 3’48
7. Corsica bella (J. Rodor/E.M. Gitral/V. Scotto) 3’23
8. La boudeuse (A. Baldino) 2’42
9. Valse ajaccienne (version swing-musette) (A. Bonelli/Olivieri/B. Baccara) 2’42
10. La vieille guitare (version valse-bop) (M. Lorenzi/D. Revel)
4’47
11. Pietralba (R. Raffalli) 2’19
12. Solenzara (B. Baccara/E. Macias/C. Darbal/D. Marfisi) 3’57
13. U miu mulinu (D. Marfisi) 5’40
14. Ma corse (J. Larue/J. Luchesi) 3’44
15. Le prisonnier "je t’envie petit moineau" (D. Revel/M. Lorenzi) 4’18
16. Chi fa (version swing) (F. Vincenti) 3’14
Bonus :
17. La vieille guitare (version swing) 4’07
18. U tragulinu (version swing) 4’17
19. Valse ajaccienne (version bop) 3’19
20. Chi fa (version latine) 4’08
21. La complainte corse (R. Luchesi/C. Giovoni) 3’10
Enregistré au studio Labroue entre juillet et octobre 2009 et janvier 2010.
La complainte corse a été enregistrée au studio Labroue en 2003 avec Max Robin, Philippe "Doudou" Cuillerier et Antonio Licusatti.