Ils ne sont pas légion, les manoucheux qui sortent de Berklee...
Stéphane Wrembel a appris la guitare manouche avec les cadors du style : Serge Krief, Moreno, Angelo Debarre, et en traînant dans les camps gitans avec Emmanuel Kassimo ou Tifrere Ziegler. Il y a pire, comme professeurs... Désireux de parfaire ses connaissances musicales, il part à Boston pour faire le cursus de Berklee. Il s’installera par la suite à New-York où ça marche plutôt bien pour lui !
Après un premier album de furieux qui nous montrait combien il maîtrisait la technique de son instrument, Stéphane Wrembel revient avec un nouveau CD beaucoup plus personnel. Centré sur les compositions, le disque nous permet de découvrir un univers original fait de swing manouche et de jazz coloré d’impressions indiennes, africaines et même celtiques. Les compositions sont très belles, les arrangements recherchés, et les chorus très bien construits ; car cette fois-ci, Stéphane ne se contente pas de dérouler les plans, il joue ! Et très bien d’ailleurs. Sans tomber dans les excès de virtuosité, il joue ce qu’il ressent, se laissant envahir par la rythmique parfois obsédante ("Afro blue") et parvient parfaitement à faire "monter la sauce". Alternant les rythmes swing (l’excellent Barbes Brooklyn, le très rabouin Buster swing), boléro (joli et mélancolique Big Brother... qui me rappelle bizarrement Le clan des Siciliens, allez savoir !), Stéphane devient touchant de sensibilité et de délicatesse sur les ballades (Water is life, Boston).
Au menu des reprises, le Django de "Flèche d’or" pour une version déchaînée et convulsive, Mongo Santamaria (en transe...) et Gillespie. Bravo pour le goût, ça change de Minor swing et d’All of me !
En plus, avec son Introduction et sa Détroduction, l’album s’écoute un peu comme une histoire. Bravo pour la musique, l’originalité... et pour la pochette !