Enfin un nouveau CD de Martin Weiss ! Qu’on se le dise ! Il ne faut pas rater les occasions trop rares d’entendre raisonner le violon de ce musicien d’exception. En effet, à part le court passage sur le DVD « Live Jazz à Vienne » de Biréli en 2004, le dernier CD remonte à 2001 avec « Savoir vivre ». Sept ans de maturation, certes c’est long, mais au vu du résultat ça valait le coup d’attendre. Entouré de Dietmar Osterburg à la contrebasse et de Tschabo Franzen et Kussi Weiss aux guitares c’est tout le swing allemand de l’époque des Musik Deutscher Zigeuner qui revient à nos oreilles. Du beau monde pour un swing implacable.
L’accompagnement est un modèle du genre propulsant les soli de Martin et Kussi Weiss au firmament. Car le violon de l’un est en parfait équilibre avec la guitare de l’autre. Le tout servi par un enregistrement impeccable.
Parce que Martin Weiss c’est l’élégance, la classe dans le violon. Un phrasé très précis mais toujours teinté des couleurs de l’Est. Une couleur authentique indélébile aux lavages. Un vibrato à faire sortir des larmes à un croque mort et cela à tous les tempi. Ce n’est pas la version de « Seps a rosza » qui va me démentir. Le swing est parfait. L’enchaînement avec l’archi connu « After you’ve gone » à l’intro tranquille nous révèle l’autre particularité du violoniste, un phrasé sensible et précis. Chose qui se répète sur l’intro du tout aussi joué « Sweet georgia Brown » que Martin Weiss va introduire par 1mn10 de violon seul. Un régal. On pourrait s’arréter là mais ce serait passer à coté des perles que nous laisse le tout aussi impressionant Kussi Weiss. Il virevolte sur les morceaux. Les phrases paraissent évidentes et le jeu en accords tout aussi brillant. En plus des quelques « saucissons » du style on trouve quatre composition de Matin dont un très swinguant « Caravanage ».
Du bel ouvrage, vous l’aurez compris, loin des productions rapides et baclées que l’on trouve trop souvent dans le style. Ceci excuse presque le temps d’attente !