Remarquable styliste à la stupéfiante virtuosité, le guitariste Kussi Weiss n’avait rien enregistré sous son nom depuis 1998 ! le revoilà avec Dietmar Ostenburg, contrebasse et Tschabo Franzen, guitariste d’accompagnement longtemps aux côtés de Martin Weiss,( une redoutable rythmique avec laquelle il se produit depuis quelques années déjà) et le jeune Hugo Richter, au piano et à l’accordéon ; une gipsy connection qui n’est pas sans faire penser au quintet de Titi Winterstein lorsqu’il comptait dans ses rangs le pianiste Silvano Lagrene (cf la version survitaminée de Puttin’ on the ritz qui débute le disque).

Côté répertoire on assiste à un renouvellement bienvenu, les standards alternant thèmes latins (bonne idée que de reprendre bossa Romanderie-A quand une réédition des deux LPs de ce groupe mythique ?-la mentira, superbe boléro d’Alvaro Carillo, l’auteur de Sabor a mi, ou le magnifique Nostalgias de bossa de Luis Salinas, l’occasion d’un chorus inspiré de Kussi) et morceaux comme East of the sun ou Close to you de Burt Bacharach, qui témoignent du gout prononcé des manouches pour les crooners.

Propulsé par une rythmique béton, souple et efficace à la fois, Kussi est impressionnant d’aisance et de décontraction, son phrasé limpide à la belle articulation faisant merveille tant sur tempo vif (cf Them there eyes, classique du répertoire swing manouche ici dans une version courte remarquablement enlevée) que sur les ballades (cf son chorus apaisé sur Close to you conjuguant sentiment et musicalité). Le guitariste signe aussi deux titres convaincants, For my Mandy au swing léger et l’impressionnante valse de Moréno.la machine tourne et Kussi envoie de belles fusées. Un seul petit bémol : à l’écoute du chorus nerveux d’Hugo sur Close your eyes, je regrette que son accordéon ne soit pas plus présent. Voilà en tous cas un disque vivement recommandé et un groupe qu’on aimerait voir dans notre beau pays !