Dès le premier titre, On mountains, on reconnait la patte et l’univers mélodique du guitariste espagnol, son phrasé aérien et chantant mêlant de façon personnelle accents classiques, blues, jazz, latins et gypsy touch. La suite est du même tonneau ; Biel dresse un portrait de New York en 11 compos originales d’une grande fraicheur d’inspiration, et dont le dénominateur commun est l’instauration d’une atmosphère, d’un climat particulier pour chacune d’entre elles.

Si le fidèle Léo Hipaucha dessine de solides lignes de basse tout en rondeur, le guitariste américain David Mitchell est le nouveau venu du trio. Cet élève de Kenny Burrell et d’Howard Roberts, entre autres, réside à Barcelone depuis 1989 et donne des master class dans le monde entier. Le jeu swinguant plus strictement jazz à la guitare électrique de ce technicien hors pair apporte un bel équilibre à la sensibilité et au lyrisme de la guitare acoustique amplifiée de Biel (cf les très swinguant Mr Shopis, dont l’écriture a un petit côté Robin Nolan, où les deux guitaristes envoient quelques belles fusées).

Mélodiste né, Biel développe un univers musical original, une musique paisible et élégante aux thèmes envoutants (cf le merveilleux The blue vipers of Brooklyn tune qui ne vous lâche plus, ou encore The ancient broadway march, autre pépite) ponctuée de quelques swings nerveux (cf In alphabet city et ses chorus aux petits oignons).

Biel Ballester ; voilà un vrai musicien qu’on aimerait bien voir dans notre beau pays, notamment à Samois ; en attendant, précipitez vous sur ce très beau disque.