And then they were four...
Pour ce quatrième disque, la famille s’agrandit. Après le départ du guitariste Marc Laverty, c’est à Yannick Alcocer et à Benoit Convert que va revenir la lourde tâche d’assurer la rythmique des Doigts de l’Homme. Une rythmique toujours aussi travaillée, Olivier Kikteff se faisant comme à son habitude une joie de pondre des arrangements particulièrement élaborés avec moultes syncopes et autres brutales ruptures de rythme qui désamorcent tout effet attendu et toute idée de routine dans sa musique.
Avec Les Doigts dans la Prise, le groupe semble d’ailleurs pousser plus en avant sa formule de jazz manouche/rock/world... pas facile à définir, mais le style est bien là ! En convoquant un banjo, un oud, un charango, un cajon ou des "palmas", les multiples sonorités entendues nous tirent vers autant d’horizons : l’Afrique (Indentité nationale, superbe), l’orient (Ardèche-Bagdad), l’Andalousie (Passa la carovana)... On pourra même, au décours de cet album, croiser avec beaucoup d’humour (ce qui ne manque jamais avec eux...) une étonnante guitare saturée (On ira pas à Samois). Bref beaucoup d’éclectisme dans cette musique ; c’est souvent excitant, parfois un peu ennuyeux, mais tout se tient !
En revanche, si Olivier est un guitariste exceptionnel à la technique foudroyante et au style tout à fait reconnaissable (Tout seul, Hungaria avec également un remarquable solo de Benoit Convert)...), on sera plus réservé quant à ses talents de chanteur, d’autant que le cynisme récurrent de ses textes (et qu’on sentait déjà beaucoup dans le précédent opus) n’est pas ma tasse de thé. Mais bon, avoir quelques chansons dans sa besace semble être une inclinaison actuelle des ferrailleurs d’Argentines qui sont il est vrai de plus en plus nombreux sur la place, cherchant sans doute ainsi à séduire un public plus vaste. On ne va pas leur en vouloir...