Encore une réussite pour le nouvel album des Doigts de l’Homme, Mumbo Jumbo. Et que de travail ! On imagine aisément les heures de répétitions accomplies par les cinq musiciens pour réussir à caler à de tels tempos leurs savantes mélodies. Quelle mise en place !
Pour ce nouvel opus, le quartet traditionnel (où l’on retrouve toujours Olivier Kikteff à la manœuvre assisté de Benoît Convert et Yannick Alcocer aux guitares et Tanguy Blum à la contrebasse) s’est attaché le concours d’un nouveau venu, l’accordéoniste Antoine Girard qui réussit à se fondre parfaitement dans l’univers du groupe au style pourtant très affirmé tout en apportant sa petite touche singulière : c’est un peu comme s’il avait toujours été là. Si 1910 honorait le génial manouche par des reprises doigdelhommisées, ce nouvel album marque le retour aux compositions, signées en majeure partie d’Olivier et de Benoît. Les influences sont toujours aussi variées : le swing, la valse, genre dans lequel Olivier est passé maître (superbe Valse des Disparus où la seconde voie n’a rien à envier au thème), bossa nova, rumba, blues... et surtout une tendance appuyée vers la musique tsigane, où l’accordéon d’Antoine Girard semble très à l’aise (son Rage against the Roms est jouissif, notamment pour sa rythmique bien balancée rappelant le cymbalum). Les tempos s’envolent sur Ayahuasca ou Get a grip qui lorgne vers le répertoire de Seb Giniaux, et le travail contrebasse/guitare y est particulièrement réussi. On adore également la complicité des deux guitaristes : aussi virtuoses l’un que l’autre, ils se mettent mutuellement en valeur par des arrangements très travaillés mais qui semblent toujours couler de source. Et la musique y gagne. Enfin, une petite mention à Benoit Convert qui nous offre avec Freedom in the bush une superbe composition en quatre mouvements et un des plus beaux solo du disque !
Avec Mumbo Jumbo, les Doigts de l’Homme confirment par l’originalité de leurs arrangements et la qualité de leur musique leur singularité dans le petit monde du swing manouche. Ne les ratez pas au le 26 février prochain au New Morning !