Un moment qu’on n’avait pas entendu parler du Sinti swing 4t, groupe stationné du côté de Bourg en Bresse. Si ce nouveau disque parait sous le nom de Sébastien Félix et de John Intrator, deux de ses membres éminents, c’est sans doute parce que le reste de l’équipe est variable selon les 15 titres : 3 compos de Django et des standards américains dans une alternance de morceaux avec batterie-basse-piano et d’autres tous cordes, avec sur 5 titres le saxophoniste-clarinettiste Jacques Ducrot, ce qui diversifie la palette sonore de manière bienvenue. Notons que la relève est assurée ; sur Black’n white Esteban Felix tient la contrebasse et son cousin Jonathan la guitare d’accompagnement, et sur As time goes by, c’est Kira, la fille de John Intrator, qui chante. Pour le reste Michel Tournier officie à la contrebasse et Diego Gadenz à la guitare d’accompagnement.

Si l’on connait depuis quelques années maintenant la classe de Sébastien Félix à la guitare, la galette nous fait entendre que notre homme s’est encore bonifié ; honorant et prolongeant la belle guitare manouche traditionnelle, il conjugue dans son style les influences d’un Lulu Reinhardt (longues phrases vituoses, nerveuses et limpides à la belle articulation et au drive exemplaire) et d’un Fapy Lafertin dans les passages plus apaisés empreints de sentiment et de lyrisme (cf if I had you, son exposé sur le medley Souvenirs-Black’n white ou son chorus lumineux sur Confessin’) ; bref un sacré client dont le talent n’est pas assez reconnu me semble-t-il.
Son petit camarade violoniste, l’américain de Ferney-Voltaire, John Intrator, n’est pas en reste ; Ils jouent ensemble depuis une quinzaine d’années et une belle complicité les unit (cf Tickle toe : exposé du thème à l’unisson, questions réponses enlevées) ; Disciple du violoniste noir américain Claude Williams, John conjugue dans un style personnel accents blues, swing et sensibilité (cf son exposé d’Oriental shuffle).

A signaler la présence sur deux titres du guitariste de jazz américain Howard Alden, qui n’est pas le premier venu, gage s’il en était besoin, de la qualité des musiciens de cette session (cf ses chorus aériens et flamboyants sur Along came Betty de Benny Golson et sur un Tenderly à l’ambiance très latino).
Cet excellent disque qui prolonge avec classe la grande tradition vivante du swing manouche, aurait mérité un label. Vivement conseillé !