Après « Django Brasil », le quartet de Ludovic Beier (Samson Schmitt, guitare, Doudou Cuillerier, guitare d’accompagnement, scat et Antonio Licusati, contrebasse) revisite une douzaine de tubes pop des décennies passées ; ça va des Beatles (Lady Madonna pris up tempo) à Mickey Jackson (Human nature) ou Police (Every breath you take) en passant par Earth Wind and fire (september), Stevie Wonder (lately, magnifique ballade jouée avec sensibilité à l’accordina-c’est peut-être là que je préfère Ludo qui, à l’accordéon a parfois tendance à tartiner) ou Jacques Dutronc (Il est 5 heures Paris s’éveille, tsiganisé façon Opus 4, avec Doudou qui scatte et un chorus terrible de Samson).
Ça frise parfois l’exercice de style un peu vain (Smoke on the water par exemple ; à l’inverse, imagine t-on Deep Purple jouant Minor swing ?) mais dans l’ensemble ça fonctionne ; tout d’abord parce que, quand une mélodie est bonne, elle peut se revisiter à peu près dans tous les styles ; ensuite parce que le quartet imprime sa classe à ce matériau très loin de son répertoire habituel, qu’il manouchise et fait swinguer, avec arrangements aux petits oignons (cf House of the rising sun, presque méconnaissable ou Nightbirds de Shakatak revu et corrigé façon morceau latin à la Stochelo) et impros haut de gamme (cf la relecture de Mimosa de Benson avec un Ludo très en verve et un Samson lumineux). Faut dire que nos quatre loustics ne sont pas n’importe qui ; le groupe est soudé, la section rythmique bétonne et les deux solistes rivalisent de virtuosité ; si Ludo a des doigts et tient à nous le faire savoir, il fait preuve aussi d’une belle fluidité et d’un swing constant. Quant à Samson, qui a gagné en maturité et en sérénité, ses chorus aériens, limpides et chantants, toujours remarquablement construits, ne sont pas pour rien dans la réussite de l’ensemble (cf l’intelligence et la poésie de son solo sur Lately ou sur Paris Plage, compo de Ludo au thème implacable). Impressionnant d’un bout à l’autre, il signe aussi un Samson swing très enlevé. Voilà un disque réussi qui devrait plaire bien au delà des fans de swing manouche. Bravo les gars !
1 : Parla piu piano (N. Rota) 3’55
2 : Mimosa (G. Benson) 5’03
3 : Paris plage (L. Beier) 3’38
4 : Lately (S. Wonder) 4’47
5 : Night birds (Shakatak) 4’53
6 : Ain’t no sunshine (B. Withers) 4’38
7 : Lady madonna (Lenon/McCartney) 2’36
8 : Every breath you take (Sting) 3’46
9 : September (M. White/C. Stepney/V. White) 4’24
10 : Human nature (S. Porcaro/J. Bettis) 3’05
11 : The house of the rising sun (trad) 3’11
12 : For once in my life (R. Miller/O. Murden) 3’28
13 : Samson swing (S. Schmitt) 2’56
14 : Il est cinq heures (J. Lanzmann/A. Segalen) 2’55
15 : Smoke on the water (Deep Purple) 4’21
Enregistré par L. Beier au studio City Record, Paris.