Lors d’une interview donnée à une radio chinoise, Francis A. Moerman définissait ainsi sa musique, le Jazz Tzigane : "C’est un style de musique qui allie justement l’exubérance du jazz classique, la sentimentalité de la musique tzigane et un zeste de fantaisie assez parisien. Et c’est pour ça que j’ai adoré cette musique dès la première fois où j’ai entendu Sarane Ferret la jouer. Quand Sarane Ferret jouait, on ne savait pas s’il s’agissait de jazz ou de musique tzigane".
Francis A. Moerman a en effet été l’accompagnateur et le disciple de Sarane Ferret pendant de nombreuses années. Du maître, il a certainement gardé le goût de la musicalité et de la retenue... Pas de virtuosité ni de vélocité excessive ici : Francis Moerman n’est pas un grand technicien du manche (on sent d’ailleurs qu’il joue très haut, comme si chaque note de musique devait venir de loin et se mériter...pour un peu plus de sensibilité sans doute).
Non, ses qualités se situent ailleurs ; dans l’esprit aventureux d’une petite valse rappelant le bar parisien du grand Baro (La chafouine), dans l’immense sensibilité d’une ballade comme L’infini voyage, un morceau qui lui va tellement bien..., dans la gaieté et l’enthousiasme d’un Retour du forain ou dans la passion violente d’un air slave (Bluma und tschirglo), ou encore dans la tension fébrile d’un Sinti bounce qui rappelle tellement l’efficace économie du maître Sarane Ferret...
Vous l’aurez compris, avec Francis A. Moerman, on navigue dans un registre de l’émotion. Emotion parfois brute, parfois inattendue et fugitive , souvent subtile et retenue...
L’invitation au voyage infini, enfin, auquel nous convie, et sur la pointe des pieds le délicat musicien, n’est jamais dénuée d’une certaine noblesse... celle des poêtes, celle du souvenir, et celle du coeur, certainement.