Et de cinq...!
Et une fois de plus, on est ravi de retrouver la bande à Saussois pour cette nouvelle galette d’Alma Sinti. Et attention, cette fois-ci, c’est du spécial... c’est un anniversaire. On va souffler les bougies des dix ans d’existence de la formation à tiroirs du guitariste.
Dans le registre des nouveautés, le flacon, d’abord : et un très beau "digipack" en vrai carton (ééééh oui, y a pas de petits plaisirs...) décoré par l’incontournable Jeff Pourquié qui s’est fendu de chouettes dessins : ce serait-y pas la porte de Clignancourt, ses roulottes et le début des Puces sur la pochette ?... en tout cas ça donne le ton ! Les "liner notes" sont cette fois-ci signées de Patrick Pécherot... d’une très jolie plume nostalgique évoquant une amour perdue sur fond de jolie ballade noctambule et parisienne (et dans laquelle on retrouve astucieusement par étape les titres de l’album...)
L’elixir, maintenant, à la hauteur du flacon. Ce qui est de plus en plus fascinant au fil des productions d’Alma Sinti, c’est de retrouver à chaque fois une telle unité de ton dans la musique et ce malgré la valse des musiciens et l’éclectisme désormais habituel du répertoire... la marque des grands, sans doute, car il y a vraiment là un "son" Saussois... On va donc retrouver nos habitudes dans le répertoire : du swing rabouin et accrocheur (Gypseattle dédié au groupe Pearl Django) ou plus subtil (Je t’ai donné mon coeur), des ballades (Quai aux fleurs, Week-end à Picpus), beaucoup de valses musettes bien sûr (String valse-qui n’a rien à voir avec le slip, Dans ma verdine de Jo Privat, La teigne, La chineuse... ah qu’on les aime, ces titres ! ), un Django, forcément (Mabel) et pleins de trucs brésiliens (Nano, La Guapa, Assanhado, Call me...). On appréciera particulièrement les hommages affichés à Crolla, celui du Long des rues avec Nuits de Paris ou à Marcel Bianchi au travers de la guitare slide de Dédé Venturini (The slide stomper).
Du côté des musiciens, une large place a été réservée à l’exceptionnel poly-instrumentiste Dominique Vernhes qui co-signe les compositions avec Saussois et swingue aussi bien à l’accordéon et à la clarinette qu’à la flûte... Pour l’avoir déjà entendu en concert, celui-là, c’est un très-très bon, capable d’enflammer la plus glaciale salle des fêtes de banlieue... On a signalé la participation du copain Venturini, mais il y en a d’autres, des copains : Jean-Christophe Rouet au violon, Stan Laferrière (forcément...) aux percus et claviers, "Beb" Papazian aux congas pour les envolées sud-américaine... Et un étonnant quartet à cordes superbement arrangé sur les Nuits de Paris (sentimental...) et la géniale String valse. Enfin, point de vue pompe, on est bien chaussé puisque derrière le solide et indéboulonable Bénéteau, c’est la bande à Doudou qui rabouine (avec Victorine Martin et un nouveau, Youenn Derrien...à redire !).
Bon, alors en résumé, on a l’élixir, on a le flacon... c’est bien joli. Mais est-ce qu’on a l’ivresse ?
Je vous laisse seuls juges.
Mais pour ma part, moi ça fait huit jours que je titube...
1. Gypseattle (P. Saussois/D. Vernhes) 3’55
2. Nuits de Paris (G. Ulmer/G. Koger/J. Valmy/F. Sardou) 3’26
3. Mabel (D. Reinhardt) 3’17
4. String Valse (D. Vernhes/P. Saussois) 4’09
5. Nano (P. Saussois/D. Vernhes) 3’23
6. Nivram (H.B. Marvin/B. Welsh/J. Harris) 3’27
7. Dans ma verdine (J. Privat/A. Lassagne) 4’50
8. La guapa (P. Saussois/D. Vernhes) 5’14
9. Je t’ai donné mon coeur (F. Lehar) 3’26
10. Quai aux fleurs (P. Saussois/D. Vernhes) 3’27
11. Assanhado (J. "Picks" do Bandolim) 2’28
12. La teigne (P. Saussois/D. Vernhes) 4’50
13. Call me (T. Hatch) 5’14
14. The slide stomper (P. Saussois/D. Vernhes) 3’26
15. La chineuse (D. Vernhes/P. Saussois) 3’27
16. Week-end à Picpus (D. Vernhes/P. Saussois) 2’28
Enregistré en Janvier et février 2006 au Studio MESA.
Patrick Saussois joue sur guitare Maurice Dupont ("Vieille Réserve" et modèle spécial "type Maccaferri" à cordes nylons), avec des cordes "Argentines" et "Alliance" par Savarez. Il utilise aussi un Stimer sur (5).