Déjà le troisième disque pour le jeune Antoine Boyer (16 ans) mais le premier sous son nom, les deux précédents étant parus sous l’appellation peu parlante d’Esmerald jazz. C’est tout à fait logique car Antoine, qui signe 7 des 15 titres, est incontestablement le leader de la formation.
A ses côtés, Sébastien (Boyer père) à la guitare d’accompagnement et Pierre Moreilhon, le contrebassiste d’Alfred Francis Moerman dont Antoine reprend en ouverture le très beau Transparence, un thème dont Francis avait le secret, qui après un exposé joliment nostalgique s’infléchit en swing. Invité sur trois morceaux, le guitariste Al Dubreuil, lui aussi ex compagnon de route de Francis, apporte deux compos originales, Swing Bach et Décor, fort jolie ballade.
Si Antoine est tout à fait à l’aise dans l’esthétique swing manouche (cf Ternay swing), son inspiration s’abreuve à d’autres sources, notamment la guitare classique qu’il travaille d’arrache pied (cf le magnifique Maelstrom ou son impressionnante relecture en solo de What is this thing called love, dans un arrangement pour guitare classique qu’un Boulou Ferré ne désavouerait pas). Loin des cadres convenus du swing manouche, on assiste à l’éclosion d’un musicien au-delà des catégories, d’un guitariste qui édifie son propre univers, conjuguant une inventivité, une sérénité et une force intérieure assez impressionnantes pour son âge ; Ses compositions complexes témoignent d’une inspiration constante et d’une réelle spiritualité (cf Sol glissant, compo alambiquée comme son titre le suggère, Insolitude ou ce magnifique Sita, méditation musicale qui aurait plu à Francis Moerman).
Quant aux reprises, Antoine leur imprime sa marque (cf sa version très personnelle d’Out of nowhere, cette remarquable relecture de Laura ou l’intelligence et l’originalité de son Medley pour Django), distillant des chorus sans plan ni esbroufe dans lesquels les notes ont du sens ; Antoine Boyer apprend et murit à vitesse grand V, avec une exigence constante. On n’a pas fini d’en entendre parler.
1. Transparence (F.A Moerman) 3’14
2. Sol glissant (A. Boyer) 2’21
3. Sita (A. Boyer, coda d’après Albeniz) 5’18
4. Ternay swing (A. Boyer) 2’06
5. Insolitude (A. Boyer) 2’51
6. Swing Bach (A. Dubreuil) 3’02
7. Laura (D. Raskin) 4’43
8. Maelstrom (A. Boyer) 3’46
9. Something like that (A. Boyer) 3’31
10. Décor (A. Dubreuil) 2’54
11. Souvenir (M. Reinhardt) 3’06
12. Medley pour Django 7’01
Improvisation sur des thèmes modaux de Django
Chant traditionnel arménien
Pour que ma vie demeure (D. Reinhardt)
13. Bob’s way (A. Boyer) 2’24
14. What is this thing called love (C. Porter) 3’04
15. De nulle part (J. Green) 4’51
Enregistré du 26 au 29 février 2012 au Château de Ternay (Vienne France) par André Baille-Barelle.
Antoine joue sur une guitare Bob Holo.