Parmi tous les disques du trio Rosenberg, il y a les bons (Seresta, Live à Samois...) et les pas bons (à vous de voir). Malgré la panoplie d’hommes en noir fièrement arborée par le trio et laissant envisager le pire, rassurez-vous, le style de ce disque est du meilleur goût et la musique de toute beauté. Sur un répertoire assez classique pour le célèbre trio (swing, bossa, rumba...)les musiciens sont au meilleur de leur forme. La rythmique de Nous’che et Nonnie épouse les envolées d’un Stochelo particulièrement véloce, avec un son toujours aussi beau et un vibrato toujours aussi désarmant de précision... Souvent inspiré, le soliste ne dédaigne pas à l’occasion y aller de son petit chorus à Django (sur Embraceable you par exemple). Il sait si bien le faire ! Et puis ça fait toujours plaisir. Mais la vraie surprise du disque, ce sont les invités. Des hollandais d’abord : l’excellent vibraphoniste Frits Landesbergen qui s’est déjà produit sur scène avec le trio, et le guitariste Jan Akkerman pour un très réussi The Zebraà deux voix. Et puis surtout, sur cinq titres, les Rosenberg ont eu la bonne idée de convoquer un tout jeune violoniste de 86 ans : Stéphane Grappelli ! Déjà en 1993, les manouches hollandais avaient été les invités spéciaux du violoniste au Carnegie Hall de New-York, s’il vous plait, à l’occasion de l’anniversaire de ses 85 ans. Il était donc normal que le trio lui rende l’invitation. Et à l’écoute du disque, on peut reconnaître que cela se passa bien, puisque non seulement on a un peu l’impression de retrouver des amis 60 ans après (!) mais que Grappelli aurait alors lui-même déclaré à l’issue de l’enregistrement : "De tous les guitaristes et formations manouches avec lesquels j’ai joué durant ma carrière, les Rosenberg sont assurément les meilleurs". Doit-on aussi compter Django et son Hot Club dans cette comparaison...? La question restera en suspend. En tout cas, il s’agit bel et bien d’une consécration (d’un adoubement...?!) pour le Trio Rosenberg.
1. Viajeiro (L. Chavez/Zimbo) 3’53 2. Mélodie au crépuscule (D. Reinhardt) 2’39 3. Pent-up house (S. Rollins) 3’52 4. La promenade (S. Rosenberg) 3’51 5. Embraceable you (G. & I. Gershwin) 3’10 6. Tears (D. Reinhardt/S. Grappelli) 5’56 7. The zebra (J. Akkerman/S. Rosenberg) 5’59 8. Chez moi (P. MisrakiJ. Feline) 2’18 9. Stéphanesque (S. Rosenberg) 3’05 10. Caravan (J. Tizol/D. Ellington) 2’56 11. I surrender dear (H. Barris/C. Gordon) 3’27 12. Donna lee (C. Parker) 2’38 13. Night and day (C. Porter) 5’35 14. Manoir de mes rêves (D. Reinhardt) 4’30 15. Batida diferente (P. Leila/M. Einhorn) 3’37 16. Manha de carnaval (L. Bonfa) 4’33
Enregistré au studio Davout, Paris, le 18 janvier 1994 (1, 3, 5, 6, 11, 13, 14) et aux Wisseloords Studios, Hilversum (Hollande) en janvier et février 1994 (2, 4, 7, 8, 9, 10, 12, 15, 16).