Au milieu des années 1990, Fapy Lafertin enregistra deux albums avec la formation britanique Le Jazz. Objectif : faire revivre le son et l’essence du Quintette du Hot Club de France avec Grappelli. Pour cela, Fapy - qui est sans doute l’héritier le plus proche du Django acoustique d’avant guerre - a choisi d’enregistrer dans une grange à l’aide d’un seul micro, récupéré de la BBC et datant de la fin des années 1930. Aucun détail n’a été oublié : le technicien du son était lui-même un « ancien » de la BBC ! Quand on connaît le sens mélodique incomparable de Fapy, la filiation directe de son jeu avec Django, on ne doute pas un seul instant des possibilités de réussite de l’exercice. Banco ! Le résultat est saisissant, et la technique d’enregistrement (chaleur du son d’époque sans les déformations dues au vieillissement des disques de ladite époque) ne fait que mettre en lumière l’extraordinaire talent de Fapy. On comprend mieux, s’il le fallait, qu’il ait une place si importante dans la formation des meilleurs guitaristes actuels (à commencer par Stochelo), c’est un peu, par moments, comme si l’esprit de Django guidait ses doigts. On notera également que Fapy s’est glissé dans le style du Django accompagnateur lorsqu’il ne prend pas les chorus : une mécanique impeccable, un swing d’airain, une pompe impériale (intéressant de noter qu’elle n’est pas la même que Fapy prodigue dans ses albums plus récents). Un mot, c’est bien le moins, pour évoquer le talent sans faille du violoniste britannique et de la section rythmique : on sent vraiment à chaque note, à chaque temps, à chaque syncope, l’esprit du Quintette. Comme quoi, manouches ou pas... Le répertoire est bien dans l’esprit du temps également : standards du jazz, chansons hexagonales jazzifiées (parfois chantés par Anabela Da Silva), ballades, swing... Bref, que du bonheur !