Eduard « Bamboula » Ferret nous a quittés en septembre 2008 à l’âgé de 89 ans ; 3 mois avant, on pouvait encore croiser sa longue silhouette élégante (chapeau, foulard et gilet) au festival de Samois sur seine. Né en Belgique, Bamboula fut d’abord guitariste au sein de la formation De Piotto’s, avec le violoniste Piotto Limberger et le guitariste Latcheben Grünholz (le grand-père de Stochelo), puis violoniste et chanteur. Il s’installera en France dans les années 60 et jouera tout au long de sa longue vie un répertoire composé de jazz, de musette et de chansons, notamment en langue romanès, mais sans jamais rien enregistrer officiellement. Ce disque inespéré, miraculeux, nous le fait d’autant plus regretter.

A la fin des années 90, Fapy Lafertin, neveu de Bamboula, enregistre avec lui, à la maison, un certain nombre de chansons destinées à la famille mais qui ont rapidement circulé sous forme de deux CDs pirates ; Waso De Cauter, qu’on ne remerciera jamais assez, vient d’en éditer une quinzaine en Belgique sous le titre « roots of gypsy swing volume 1« , ce qui logiquement laisse espérer au moins un volume 2 ! D’après Fapy, il y a encore pas mal de matériel, ne serait-ce que les autres titres figurant sur les deux bootlegs ; seuls 9 ont été sélectionnés ici, augmentés de 6 inédits. Ce disque qui bénéficie d’une meilleure prise de son, va permettre à un plus large public de découvrir le talent de Bamboula ; un disque à l’ancienne comme on n’en fait plus conjuguant authenticité, décontraction (ces enregistrements privés n’étaient pas mis en boite pour figurer sur un disque) simplicité et émotion.
8 chansons swinguées en romanès écrites à la fin des années 80 par Fapy et Bamboula alternent avec des chansons d’amour des années 50, voire plus anciennes, presqu’oubliées (Maman la plus belle du monde, Tu m’apprendras, créée par Lys Gauty, Pour un peu d’amour, Rêver de vous ou Tu te souviendras de moi créée par Yvette Giraud), interprétées d’une voix douce et sentimentale qui touche au cœur, par un Bamboula capable de mettre dans sa voix l’éternelle émotion des amoureux. Un témoignage exceptionnel car plus personne ne chante comme cela aujourd’hui ni ne joue du violon de cette façon, un jeu à l’ancienne sans esbroufe ni virtuosité mais où le notes ont du poids et du sentiment (cf Tu m’apprendras). Il émane de ces chansons comme un parfum de nostalgie, un regret de l’ancien temps.

Et que dire de l’accompagnement (le mot est faible !) de Fapy ! Entre drive royal et longs chorus constamment inspirés, ce styliste incomparable illumine le disque d’un bout à l’autre par sa classe et son élégance. L’un des plus beaux de l’année sans aucun doute !