L’année du centenaire de la naissance de Django Reinhardt s’achève ; hommages et disques auront été légion ; voilà à mon humble avis l’un des plus réussis ; il faut dire que les protagonistes ne sont pas les premiers venus ; Koen De Cauter, saxophone soprano, guitare et Fapy Lafertin, guitariste dont le phrasé conjuguant poésie et légèreté est d’une retenue et d’une élégance rares, étaient déjà ensemble dans Waso, groupe mythique du milieu des années 70 (époque où Django n’était pas encore à la mode !), et dont on ferait bien de rééditer les merveilleux vinyles. Dans la famille De Cauter on est tous musiciens ; pour cet hommage, Koen a convié 3 de ses enfants, Myrddin, clarinette, Waso, guitare d’accompagnement et Dajo, contrebasse. Jon Birdsong est au cornet, Burt Vervaeck à la guitare d’accompagnement, Lionel Beuvens ou Frédéric van Der Berghe à la batterie ; une instrumentation variée qui permet des arrangements soignés et originaux (cf les combinaisons sonores sax-clarinette-cornet sur Moon ray ou Djangology, la version haut de gamme du Boléro de Django avec batterie judicieuse et chorus lumineux de Fapy ). Outre les 8 compos de l’illustre manouche dans des versions inspirées (cf la superbe version de Nuages avec exposé des cuivres , Speevy, merveilleux thème rarement joué ou la qualité et la finesse des arrangements sur Mabel), le répertoire alterne pièces classiques (cf le magnifique Rêverie de Debussy avec là encore un chorus flamboyant de Fapy ou cette version très intense et dépouillée de Solveig’s song de Grieg, qui ferait pleurer un régiment de parachutistes), Bernie’s tune, le vieux Léon de Brassens (dont Koen est un grand fan) dans une version instrumentale d’une grande poésie avec un bel arrangement pour deux guitares, Koen et Fapy alternant thème et contrechants. Si nous avons affaire ici à des musiciens top niveau dans le style, leur horizon ne se limite pas au trip Django (cf le magnifique et très lusitanien Plachterida, compo de Fapy avec arrangement de cuivres aux petits oignons, que les killers de la 6 cordes feraient bien d’écouter matin, midi et soir, ou Réflexion, chanson poétique de Koen en hommage à Django). Instrumentistes hors pairs constamment inspirés, mise en place, swing, ampleur instrumentale et une musicalité constante font de ce disque un enchantement ; l’un des plus beaux parus cette année dans le style. Achetez le, offrez le à vos amis et même aux autres !
1. Mabel (Django Reinhardt) 3’49
2. Nuages (Django Reinhardt) 4’33
3. Speevey (Django Reinhardt) 3’44
4. Rêverie (Claude Debussy) 3’47
5. Le vieux Leon (Georges Brassens) 4’29
6. Bernie’s Tune (Bernie Miller) 3’20
7. Moonray (Artie Shaw) 4’50
8. Minor Swing (Django Reinhardt) 2’13
9. Plachterida (Fapy Lafertin) 4’26
10. Solveig’s Song (Edvard Grieg) 5’35
11. Bolero (Django Reinhardt) 5’49
12. Djangology (Django Reinhardt) 2’36
13. Anouman (Django Reinhardt) 4’59
14. Broucker (Django Reinhardt) 4’04
15. Reflexion (Koen De Cauter) 5’04
Enregistré en mars et avril 2010à De Werf, Bruges.