Après avoir quitté le quartet Waso de Koen de Cauter, Fapy Lafertin crée son propre groupe en 1985, avec Flip Krajenbrick à la rythmique et Simon Planting à la contrebasse. Le trio va beaucoup tourner en Europe où il remportera un franc succès.
Sur ce superbe album réalisé en 1993, le trio hollandais devient quartet en acceuillant Frank van Oosterhout à la batterie. On va pouvoir y retrouver les ambiances voyageuses et l’éclectisme musical qui avaient fait le bonheur de Fleur de Lavende ; du swing, bien sûr et toujours, mais aussi des rythmes plus dépaysants avec Maria Elena, La Bikina ou encore Maquina de costura qui rappelleront parfois les côtes portugaises et ce doux vent des Açores qui plait tant au guitariste. A côté des standards manouches (J’attendrais, What is this thing called love, un très beau Mélodie au crépuscule...), on retrouvera des choses moins conventionnelles comme Tea for two ou Take the A train au traitement espiègle et plutôt enlevé ! A propos d’espièglerie, Fapy nous régale avec une étonnante Ba(ch)dinerie en Si du grand maître allemand du contrepoint (et dont le swing rappellera aux connaisseurs un certain concerto en Ré mineur...). Il nous offre également deux très belles compositions : une délicate Aurore à la tristesse mesurée admirable, et aussi l’éternelle, l’incontournable, l’obsessionnelle Fleur de lavande pour une enième et sublime version.
Est-il besoin de revenir sur le son et la qualité du jeu du virtuose... Fapy joue sa Selmer comme on respire ; naturellement, spontanément, de manière évidente. Et à chaque fois, l’histoire qu’il nous raconte est profondément émouvante.
Simple et beau... comme un arpège.