Le DVD, si on le prend dans le bon ordre, commence par une première partie des Basily Boys qui sont apparentés aux fameux Basily de Hollande (Zonzo le soliste est le fils de Popy Basily....)
Les gamins vont nous expédier trois standards en moins de 10 minutes. Alors c’est sûr, ces petits phénomènes sont impressionnants et sans doute prometteurs ; mais pour l’instant, leur art se compare plus à de la gymnastique qu’à de la musique (surtout qu’ils sont largement desservis par un effroyable son piezzo). Laissons leur le temps de murir un peu ; ils sont encore à l’âge où on aime le sport, où l’on apprend à se servir de ses doigts, et ils ont leur vie pour apprendre à faire de jolies phrases... Evidemment, la comparaison avec le jeune prodige Jimmy Rosenberg découvert du large public en 1992 sur le DVD "Django Legacy" est inévitable... (rappelez-vous sur "Nuits de St Germain-des-Prés"son fameux "stop-chorus" de patron au milieu des caravanes !). Et c’est sans doute pour ça qu’on les a invités ici. Doit-on cependant souhaiter aux Basily Boys la même destinée... pas sûr.
Heureusement, le concert va se poursuivre avec un gars qu’on aime bien : Robin Nolan. Accompagné de son frère Kevin Nolan et d’Arnoud van den Berg à la basse, armé de sa désormais mythique Dell Arte équipée d’un énorme double bobinage (ceux qui on vu comme moi sur You Tube "l’opération à table ouverte" digne d’un film de Mario Bava ont encore mal aux argentines..). Très décontracté, avec beaucoup d’humour, Robin va nous offrir six jolis titres dont un "Swing gitan" rebaptisé ici "Isabella" (allez comprendre...?), une jolie ballade de Dorado, "Flora" qui sera repris également dans le set de Jimmy (quand on aime, on ne compte pas..) et son très joli titre Kokopelli song. Tout ça est fort bien joué, sans esbroufe, avec ce qu’il faut d’invention et beaucoup de classe : on aurait aimé en entendre plus !
Et puis, le voilà. Il arrive enfin ce phénomène tant attendu : Jimmy "the one & only" Rosenberg... Pompes deux-tons, petit croix de bois autour du cou qui finalement en dit long, pantalon à pince rayé homologué par les affranchis de Scorsese, trop ample chemise bleu ressemblant plus à une tenue de travail qu’à un habit de scène : c’est en fait sa tenue de sortie de taule nous signale le présentateur... Jimmy fait dans le symbolique.
Rejoint sur scène par son frère Nomy Rosenberg (guitare rythmique) et par le percussionniste Marc Meader (caisse claire), le groupe est maintenant au complet avec le bassiste Arnoud van den Berg qui enchaine les sets. Surprise, Jimmy joue sur archtop. Night and day, Django’s tiger, il a exactement le même jeu que sur Selmer : grosse attaque, dextérité, doigts écartés au maximum avec le majeur qui sert d’appuis, phrasé typiquement manouche, ça se ballade sur le manche ! Bonne nouvelle, Jimmy joue, et joue bien.
La copie Selmer, il va la reprendre pour attaquer un For Sephora qui démarre assez mal : problème d’accordage, rupture d’Argentine... et personne pour venir en aide à ce pôv’ Jimmy qui doit se lever en plein morceau pour récupérer son archtop qui gît par terre ! On enchaine avec "I don’t mean a thing" sans qu’un roadie, sans qu’un ami ou qu’une âme charitable n’ait l’idée de changer cette damnée corde... Jimmy fait pénitence.
Malgré ces petits problèmes techniques, le guitariste reste étonnamment calme et serein. Pas d’énervement ni de précipitation, et d’ailleurs les choses s’arrangent plutôt bien puisqu’on lui tend soudainement une grande bouche providentielle sortie on ne sait d’où... "Insensatez", bossa décontractée pour retrouver ses marques sur acoustique et c’est repartit sur un"Blues for Ike" qui permet d’envoyer la sauce. En avant les pentas...! Petit intermède avec "Flora", une balade qui va lui permettre de travailler le son, et dont l’introduction sur Danse norvégienne un peu hasardeuse le fait bien rigoler ; et oui, à ça lui arrive de se planter ! Jimmy est cool...
Pour finir, apothéose avec un (Sweet Georgia Brown prit à 300 à l’heure... Et sourire béat d’extase du guitariste aux longs doigts... Qu’il les aime, ces tempos ! Il enchaine les gammes et les traits, toujours très techniques, avec la même décontraction déconcertante. Jimmy tutoie les anges...
Après une belle interprétation, seul en scène, de l’Improvisation n°1 de Django, le concert va finalement se clore dans un boeuf cahotique et festif sur Joseph, Joseph. Le violoniste Tucsi Basily a rejoint la troupe, et encore une fois, c’est le patron qui dirige l’affaire : tout le monde y va de son petit chorus, devant un public ravi et conquis.
Et reconnaissons que nous aussi, on est ravi et conquis. Et rassuré, un peu, aussi, de voir et d’écouter un Jimmy Rosenberg en pleine forme, en pleine possession de ses moyens et surtout, visiblement heureux...
Mes amis, croisons les doigts et souhaitons lui le meilleur. Il le mérite.
Basily Boys :
1. Blues for Jimmy
2. Hungaria
3. Sweet Georgia Brown
Robin Nolan Trio :
4. Isabella
5. Kokopelli song
6. Flora
7. Sweet Chorus
8. Nuages
9. Belleville
Jimmy Rosenberg & Guests :
10. Night & day
11. Djago’s tiger
12. For Sephora
13. I don’t mean a thing
14. Insensatez
15. Blues for Ike
16. Flora
17. Sweet Georgia Brown
18. Improviastion n°1
19. Joseph, Joseph
DVD Zone 2 - PAL - 91mn