Pour connaitre la suite du titre il faut retourner la pochette ; et là, on lit : Boulou et Elios Ferré + Pierre Boussaguet ; invités Florin Niculescu et Motia Iankovskaïa (chacun sur un titre) ; pas d’album solo donc même si Boulou interprète seul deux longues pièces (14 et 9 minutes) de sa composition, que l’on retrouve sur un bonus DVD où l’image n’apporte pas grand-chose de plus.

Chacun des frangins signe 4 titres, des compos inspirées reflets de leur grande culture musicale, qui alternent méditations apaisées (cf Natacha de Boulou, parfaite illustration de ce que le mot jazz peut avoir de réducteur en ce qui le concerne) et morceaux plus enlevés (le tarabiscoté c’est bon pour toi c’est bon pour moi ou tribute to the gypsies avec Florin) ; pas de swing manouche ici (les frangins en ont-ils jamais joué ?) mais une approche personnelle du jazz enracinée dans la tradition musicale européenne, allant de Bach à Django en passant par les musiques slaves ; une alchimie musicale qui leur est propre, sans concessions mais accessible, harmonies et rythmes complexes n’oubliant pas la jolie mélodie (cf nuit bleue ou portrait de femme, qui confirment les talents de compositeur d’Elios) ; Nos trois musiciens se connaissent sur le bout des cordes et s’expriment à égalité, le solide Pierre Boussaguet intervenant régulièrement avec autorité tandis que les deux frères se fendent de chorus élaborés avec un art de la construction déconstruction qui leur est propre. La guitare classique aurait davantage convenu, me semble-t-il, aux deux longues pièces en solo dans lesquelles Boulou déploie un univers personnel mâtiné de classique, notamment Bach et les maitres français du XXème siècle, ce maitre de l’harmonie et de l’impro conjuguant rigueur et folie. Une musique de haut niveau !